La force (la réaction perlimpinpinique)
On est encore bien loin de tout savoir sur le perlimpinpinium, la pâte universelle que la nature a utilisée pour fabriquer les atomes, même si l'une de ses propriétés, la force perlimpinpinique, est aujourd'hui bien connue.
C'est elle qui explique que les atomes se combinent de mille et une façons.
Sans elle, l'univers serait nul, sinon inintéressant, quelque chose comme une gigantesque brume dans la nuit.
La force perlimpinpinique apparaît quand on approche deux atomes l'un de l'autre, avec une intensité qui dépend essentiellement des atomes et des conditions climatiques, température-pression-humidité, dans lesquelles a lieu la rencontre .
Voici comment elle se manifeste, pour des atomes de formes complémentaires (concave et convexe par exemple) baignant dans un climat tropical.
Les atomes sursautent, et tout à coup se mettent à bouger.
On distingue nettement deux mouvements.
Le premier mouvement est rotatoire. On l'appelle charming, horrible dénomination d'origine outre Atlantique, mais il faut bien faire avec. Le charming fait tournoyer les atomes sur eux-mêmes jusqu'à ce qu'ils se soient présentés l'un à l'autre leur meilleur côté, c'est à dire celui par lequel un rapprochement se fera au mieux.
Le second mouvement, dit kissing (même remarque) est translatoire. Sans modifier l'angle réciproque dans lequel le charming a choisi de mettre les atomes face à face, le kissing les pousse l'un sur l'autre jusqu'à ce qu'ils s'enlacent du mieux qu'ils peuvent.
La nature est bien faite !
Si une telle force s'exerçait entre un boulon et son écrou, le premier se visserait tout seul dans l'autre!
Incroyable, je sais, mais c'est comme ça!
Bien sûr, ça ne se passe pas de la même façon pour tout le monde. Le monde est inégal.
Il y a des atomes qui sont vraiment faits l'un pour l'autre. Une fois réunis, il faut recourir à de vraies astuces pour les séparer. Pour d'autres, c'est tout le contraire, et à moins d’employer de gros moyens, on aura le plus grand mal à les mettre côte à côte.
Le phénomène est général.
Si, au lieu de se limiter à deux atomes, on effectue la même expérience avec deux atomisades* bien choisies, on constate que la force perlimpinpinique se déchaîne au niveau global de façon analogue à celle qu'on a pu observer entre deux individus. Chaque atomisade tournoie, fait des contorsions étonnantes, voire des recompositions, pour que son accrochage à l'autre, au moment du kissing, se fasse de façon optimale.
C'est ce phénomène,plus ou moins intense, plus ou moins long, qui est appelé réaction perlimpinpinique.
On entend aussi parler de réaction chimique. Le terme désigne la même chose. Il est surtout employé par le lobby des chimistes pour faire croire qu'ils comprennent les choses mieux que les autres…
La réaction perlimpinpinique finit tôt ou tard par se stabiliser pour donner un résultat extrêmement variable, souvent banal, mais toujours surprenant, comme un mur de béton, une toile de Renoir, un bidon d'huile, un tube de mayonnaise ou un poisson rouge.
(*) rappelons qu’une atomisade est une poignée d’atomes.
© M.DALMAZZO