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Perlimpinpinologie, humour et philosophie
13 mai 2009

La perlimpinpinure

On ne sait pas l’équivalent TNT qu’a représenté le Big Bang, la célèbre explosion de perlinpinpinium qui Perlimpinpinologie_14permit à l’univers d’accoucher  de lui-même. On ne sait pas non plus l’étendue réelle des dégâts subis par le Néant.
Mais on a une idée assez claire de ce qui s’est passé par la suite.


Pendant longtemps, …difficile d’être plus précis car, à cette époque, milli-secondes ou milliards d’années, passé ou futur, rêve ou réalité, tout se mélangeant à tout, le temps ne signifiait pas grand chose. Pendant longtemps, donc, la catastrophe a régurgité l’espace, dans un même torrent de matière, de lumière et d’obscurité. Chaque instant pétillait d’une infinité de choses. De chaque chose jaillissaient une infinité de soleils entourés, chacun, par une infinité de mondes.
Le terme infinité est certainement très exagéré mais c'est un moyen commode de désigner un nombre énorme et difficile à préciser.

Petit à petit, le maelström géant s’est apaisé (même si, aujourd’hui, il reste beaucoup à faire).
Quelque part, dans un endroit plus tranquille qu’un autre, la combinatoire extraordinaire des réactions perlimpinpiniques bouillonnant de toutes parts donna naissance aux premières atomisades poètes.

NDLR: Rappelons qu'une "atomisade poète" a une manière bien à elle de réagir:  un courant d’air, un rayon de soleil, un rien la poussent à écrire, alors que d'autres, dans les mêmes circonstances, se contentent de frissonner.
Pour plus de détails, on trouvera les définitions utiles dans la page “Postulats et Théorème”.

Au gré des stimulations de mille sortes qu’elles subissaient dans la tourmente, ces atomisades griffonnaient sans retenue. Ce pouvait être de jolies phrases, de beaux dessins ou de grosses âneries mais, comme rien ni personne n'y prêtait attention, leur production ne prêtait pas à conséquence.

Le temps passa.

Au cœur d'un petit nuage de poussières, quelque atomisade poète, illuminée par un éclat de charbon incandescent (disons une étincelle) généra une atomisade originale, un machin jamais vu, quelque chose qu’on pourrait appeler ‘Madrigal pour faire une étincelle”.
Bien sûr, elle n'était pas écrite avec les lettres que j'utilise pour en parler. Les atomisades ont leur propre alphabet, très différent de celui utilisé par des atomisades comme vous ou moi. Je dis “Madrigal pour faire une étincelle”  dans le souci de faciliter la lecture et parce que je connais la suite, mais j'aurais pu choisir “dessine-moi un mouton” ou  “acétylsalicylique” ou “paracétamol”. Qu’on s’imagine un collier de perles multicolores enroulé sur une allumette, et l’on admettra que “
Madrigal pour faire une étincelle” est un nom de baptême pas plus bête qu'un autre.
Son seul inconvénient est de nuire au suspense. 
Pour le nom de l’atomisade poète, celle qui a composé le madrigal, j’ai d’abord pensé à Guillaume, parce que j’aime bien Apollinaire, ou à Anticonstitutionnellement, pour saisir l’opportunité qui m’est donnée d’écrire ce mot quelque part. J’ai finalement retenu Troubadour. A cette époque, il y avait tant de poètes anonymes.

Donc Troubadour et Madrigal pour faire une étincelle flottaient tranquillement dans une vague de l’univers, comme une bouteille et son message bercés par la houle d’un océan sans eau. Ils n’étaient pas seuls, évidemment. Il y avait autour d’eux un bon nombre d’imitateurs et d’imitations de toutes sortes.
Au hasard du courant,… A dire vrai, le hasard n’y était pas pour grand chose. L’air passe-t-il par hasard sous la porte? Le bruit entre-t-il par hasard dans mes oreilles?  Au gré du courant, donc, Troubadour et Madrigal pour faire une étincelle vinrent à s’échouer sur les rivages d’un continent nouveau où prospéraient des atomisades d'une autre espèce. Celle des artisans. C'est à dire des poètes à l'envers: on leur donne un recueil de poème, ils y voient un mode opératoire et, sans état d'âme, fabriquent ce qu'ils en ont compris.

La rencontre des deux cultures allait être intéressante, comme toujours, même si celle-ci fut la première.
Un artisan, plus attentif qu’un autre à ce genre de poésie, repéra le madrigal et, là où d’autres auraient brico
lé n’importe quoi, produisit une étincelle, celle-là même à laquelle le Troubadour, en son temps, avait été sensible.
Qu’on ne voit dans cela aucun miracle: on sait depuis longtemps que tout ce qui s’écrit peut se faire. Et réciproquement.
Une étincelle, donc. Les troubadours étaient dans les parages, on s’en souvient. Ils n’ont pas raté le spectacle, et, fidèles à eux-mêmes, ont rédigé une nouvelle version de leur poésie. Laquelle, on s’en doute, attira d’autres pyromanes qui, à leur tour, éveillèrent de nouvelles vocations. Chacun voulaient faire mieux que les autres, et tous rivalisaient d’ardeur.
On imagine la suite.

On voit bien que j'aurais été moins clair si j'avais appelé mes premières atomisades le petit Prince et dessine-moi un mouton. Mais ça n'aurait rien changé. L’artisan artificier qui les a remarquées aurait quand même fabriqué une étincelle, et personne ne l'aurait critiqué puisque c'était sa façon à lui de voir les choses.

A coup sûr, toutes les rencontres n’ont pas eu la même fortune. Des atomisades comme les sanglots longs de l'automne bercent mon cœur d'une langueur monotone, par exemple, ont probablement fait un bide . Il est tout aussi probable qu’ici ou là d’autres atomisades spécialisées (intellectuelles et matérialistes) aient servi d’interprètes: les peuplades étrangères se comprennent rarement du premier coup.
Mais ce sont là des détails, je ne veux pas compliquer.

Bref, un sacré feu d’artifice s’est mis en route !
C’est ainsi qu’a démarré la perlimpinpinure.

© M.DALMAZZO


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Commentaires
F
mon actuel artisan d'époux a aimé aussi !<br /> en plus, je continuerai à te donner du monsieur Dalmazzo, c'est une question de principe je peux pas t'appeler par ton prénom, c'est celui de mon ex et ca me donne de l'urticaire. et pour finir, Fomahault, c'est définitif, y'a pas de r après le "o", c'est pas que je sois pointilleuse mais déjà que j'ai piqué son nom à une étoile, si en plus on l'écorche..ca risque de ruer dans les atomisades !<br /> Pour quand la page suivante ?
M
Merci pour votre lecture. <br /> <br /> J'aime bien cette idée d'un conte de fées du XXXe siècle. Les fées? C'est certainement une idée. Merci.<br /> <br /> Formahault, j'espère que ton artisan de mari n'aura pas une réaction trop brusque (au passage, je prends un coup de vieux avec Monsieur Dalmazzo).<br /> <br /> Merci encore!
F
(les) artisans. C'est à dire des poètes à l'envers: on leur donne un recueil de poème, ils y voient un mode opératoire et, sans état d'âme, fabriquent ce qu'ils en ont compris<br /> <br /> Crénom ! j'adore cette définition, je vais la faire lire à mon artisan d'époux. C'est une merveille de concision (pas mon époux, la définition), et c'est ce qu'il s'acharne à m'expliquer depuis 15 ans et que je ne comprenais pas!<br /> Merci Monsieur Dalmazzo !
Z
Ah mais, pour mes lectures, je saute dessus dès parution de tes textes ! <br /> Non, les dessins ne gênent en aucune façon, c'est juste que comme je suis nul, je ne sais pas "voir" ou ressentir un dessin (ou tout autre production artistique). Alors j'ai besoin d'explications...
Z
Magnifique : on dirait un conte de fées du XXX° siècle.
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