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Perlimpinpinologie, humour et philosophie
27 octobre 2012

Question de volume

 

Qui_suis_je


Le volume crânien de l’homo sapiens adulte est d'environ 1500 cm3, c'est-à-dire un litre et demi, mais c’est une moyenne et l’écart autour de cette moyenne est très large : plus ou moins deux verres à moutarde, sinon plus. Par exemple, on sait qu’Anatole France et Gambetta dépassaient à peine le litre et qu’il fallait remplir au moins deux bouteilles pour Lord Byron ou Tourgueniev.

Une telle imprécision ne saurait satisfaire celui qui veut s’instruire de lui-même, curiosité bien naturelle si l'on pense que le « connais-toi toi-même » n’est pas une parole en l’air.

Il faut donc mesurer.
On pourra s'inspirer de la méthode suivie par la cuisinière qui veut connaître la capacité de son moule à tarte: elle le remplit d’eau à ras bord et recueille le liquide dans un verre gradué.

En l’occurrence, un travail préalable sera nécessaire car il y a plusieurs trous dans un crâne normalement constitué et les obstruer de l’extérieur est loin d’être évident. En tout cas, si on veut faire les choses proprement.


Il n’y a qu’une seule vraie solution : ouvrir.
On sciera donc le crâne en deux, à l’horizontale, à peu près à la hauteur d’un béret basque.
Il est important de couper aussi droit que possible. L’idéal sera d’utiliser une scie circulaire de qualité, mais je ne saurais trop conseiller de confier l’opération à un spécialiste. Contre un peu de monnaie, on trouvera facilement un technicien serviable au rayon découpage-sur-mesure d’un magasin de bricolage.

Avant de procéder au colmatage dont je parlais plus haut, celui des trous que la Nature a pratiqué dans la boite et son couvercle (surtout la boite), on en nettoiera tous les recoins soigneusement. Il arrive en effet que la matière molle ait laissé ici ou là quelques concrétions - mauvais souvenirs, traumatismes, chagrins ou autres résidus de cette sorte - qui pourraient fausser la mesure.
Une brosse à dents à poils durs fera parfaitement l’affaire.

La suite ne présentera aucune difficulté si on utilise le bon matériau. On évitera la mie de pain ou la purée de pomme de terre, qui ne résisteront pas longtemps, et même le chewing-gum ou le ciment de rebouchage qui, eux, sont parfaitement efficaces mais on aura un mal fou à s'en débarrasser quand on aura terminé, ce qui est quand même la moindre des choses.
Je recommande la cire. Amollie à feu doux, elle s’appliquera facilement et un simple passage à l’eau chaude permettra de l’enlever aisément. Ai-je besoin de recommander l’eau froide pour le remplissage? Faute de quoi la cire pourrait fondre;  j’imagine qu’on y aurait pensé.

Voilà.

Un coup de serviette éponge et quelques points de colle parachèveront la remise en état.
Evidemment, le trait de scie restera visible, mais c’est un maigre inconvénient si on songe au service rendu et à la facilité avec laquelle on pourra, si on le souhaite, effectuer d’autres relevés. De plus, on s’apercevra vite, au simple regard des passants, que cette étrange cicatrice ne manque pas d’élégance. 

© M.DALMAZZO


 

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Commentaires
M
Nicole, je te remercie deux fois. <br /> <br /> Pour ta lecture, pour tes remarques..Justes.. <br /> <br /> Tu me reproches de ne pas parler de l'opération de remplissage!<br /> <br /> En effet, on peut penser qu'il y en a deux.. et qu'on devrait en dire plus qu'un mot.<br /> <br /> D'abord celle nécessaire à la mesure. Là, je croyais avoir tout dit dans le mot "voilà". Il m'a fait beaucoup rire quand je l'ai posé sur le texte, alors je l'ai laissé se débrouiller avec le lecteur! Mais peut-être ai-je eu tort de lui faire confiance? Ces petits gars font souvent ce qu'ils veulent..<br /> <br /> Le cas du second remplissage, le re-remplissage post opératoire, est plus sérieux. On pourrait croire que je bâcle la remise en état. Et bien non: il est volontairement passé sous silence, car, dans mon esprit (si je peux dire), il n'y en a pas! L'état de sérénité absolue n'est-il pas fait d'oubli absolu et de connaissance inutile? <br /> <br /> Sauf pour les authentiques cuisinières évidemment.
M
Merci pour tes gentilles paroles, Cécile.. Oui, on peut parler de parabole, même si le mot est un peut fort. Elle est à deux niveaux: d'abord, qu'on ne peut se connaitre vraiment soi-même qu'après la mort, et encore, il faut veiller à tout nettoyer.. Ensuite est qu'on ne sait jamais bien que ce qui ne sert plus à rien..
N
En tant que cuisinière émérite à qui vous avez emprunté la manière précise de mesurer le volume, j'aimerais ajouter une précision.<br /> <br /> <br /> <br /> Mesurer le volume ne suffit pas, <br /> <br /> <br /> <br /> J'apprécie bien sûr le nettoyage minutieux, le colmatage qui s'apparente au lutage de la terrine avant la cuisson d'un délicieux pâté, la précision et l'élégance de la cicatrice, telles les subtils traits de couteau sur le pain maison, mais cela ne suffit pas.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous ne voyez pas?<br /> <br /> <br /> <br /> Le remplissage, cher monsieur, le remplissage!<br /> <br /> Vous n'allez pas laisser une coquille vide après tous ces soins maniaques ( désincrustation de souvenirs douloureux ou humiliants, etc. ).<br /> <br /> <br /> <br /> Avec quoi allez vous remplir ce crâne vierge de toutes les scories de l'existence?
C
j'aime beaucoup l'humour e la précision comme toujours de l'opération ... mais j'y vois aussi une belle et subtile parabole! *_*
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