Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Perlimpinpinologie, humour et philosophie
21 novembre 2012

La fin d'un règne

 

Ceux qui ne dormaient pas au lycée pendant les cours de biologie savent que les rhododendrons font partie du règne végétal et que nous autres, les hommes, appartenons au règne animal
J'imagine que personne ne remet cela en cause. 
Par contre, de plus en plus de philosophes contestent l'utilisation du mot règne, ainsi que celle du mot empire que certains farfelus, heureusement très minoritaires, emploient au tout début de la classification pour se faire remarquer.

Cette terminologie royaliste voire napoléonienne date d'une époque à laquelle on n'imaginait pas meilleur système politique que celui d'un pouvoir cautionné par la volonté divine ou la puissance militaire.
Lequel système, soit dit en passant, nous attribuait (à nous, les hommes) la meilleure place: celle du roi, ou plutôt celle du dictateur.

Mais le temps des despotes est révolu. Aujourd'hui, l'homme sage traque toutes les injustices, y compris celles que véhiculent les mots obsolètes. Pour ce qui est du mot empire, il disparaîtra de lui même: personne, sauf dans les films de science-fiction, ne l'a vraiment adopté. Par contre le mot règne, saupoudré, endentelé, engoncé dans sa chemise aristocratique, est encore largement répandu. 
Il est temps que le scandale cesse.
C'est en s'attaquant aux mots qu'on fait les grandes révolutions. 
Faisons et faisons le équitablement.

 

fourmi

Côté animal, les scientifiques auront décrit fin 2011 neuf cent cinquante trois mille quatre cent trente quatre (953 434) espèces animales. Selon les estimations, près de dix fois plus restent à découvrir mais, malgré leur quantité, on pourra ignorer ces populations inconnues sans craindre de représailles: la plupart sont tellement immatures, tellement solitaires et vivent dans des endroits tellement impossibles qu'il serait inutile de leur offrir un droit de représentation particulier. Elles ne sauraient quoi en faire.
Occupons-nous donc des autres.

Si on s'en tient au critère du nombre d'espèces ou du nombre d'individus, le groupe animal le plus représenté est incontestablement celui des arthropodes, un nom bien compliqué pour désigner des bestioles, petites, souvent visqueuses, noires et poilues, qu'on n'aime pas croiser dans son lit ou sur la plage, comme les insectes, les araignées ou les crabes. Qu'on y songe: plus de 80% des espèces animales sont des arthropodes! Quant au nombre d'individus, les derniers recensements les évaluent à plusieurs millions de milliards de fois plus nombreux que la population humaine!
On ne peut donc les ignorer.
On est naturellement conduit à la famille dominante, celle des insectes dans laquelle nous favoriserons, pour rendre hommage à leur esprit de groupe, les insectes sociaux, c'est dire les fourmis, les abeilles, les guêpes et les termites.

La liste est vite faite: s'y appliquent les termes de colonie, de société, de fourmilière, de ruche et de termitière.

On écartera les désignations, pourtant génériques, de colonie ou de société. Le premier, colonie, parce qu'il a mauvaise presse depuis les années 50. Le second, société, parce que la connotation élitiste que l'homme a donné au mot pour désigner sa propre société risque de froisser les autres.
Restent fourmilière, ruche et termitière.

Comment choisir?

On sait le rôle éminent joué par les abeilles sur notre planète, mais grâce aux efforts appliqués des vendeurs de pesticides, on peut penser qu'elles auront complètement disparu d'ici quelques années.
Inutile donc de s'en préoccuper. Oublions le mot ruche.
D'autre part, si on considère que les fourmis sont nettement plus nombreuses que les termites et que les termites, elles-mêmes, sont flattées qu'on les appelle des fourmis blanches, le choix s'imposera de lui-même.

Je propose donc que le mot fourmilière annule et remplace le mot règne dans toutes les classifications biologiques.
On ne devra donc plus parler de règne animal ou de règne végétal mais de fourmilière animale et de fourmilière végétale.
Je suis sûr que, l'effet de surprise passé, la nouvelle terminologie entrera rapidement dans les moeurs.
Aux sceptiques, il en est toujours, je dirai simplement ceci:
soyez convaincus que cette décision honorera la mémoire de notre espèce dans les livres scolaires des prochaines générations de fourmis.

 

© M.DALMAZZO


Publicité
Publicité
Commentaires
M
Tu as raison, photoamoi! Par certains aspects (doux euphémisme), l'homme est plus mauvais que le loup! On peut donc déduire de ce dicton que l'homme est doux pour l'homme! Ce qui d'ailleurs n'est pas faux, en comparaison de ce que l'homme est mauvais pour la nature.. Presque un sujet du bac!
P
Et que dire du dicton 'l'homme est un loup pour l'homme": Pauvre loup, comme s'il avait quelque chose à voir avec la "bestialité" et la "sauvagerie" de l'homme. Décidément, il y aurait bien des mots à changer dans notre vocabulaire.
M
Pardon pour la faute d'orthographe..d'autant que Zaiane est plus joli.
M
Tu as raison Zaizane, les mots parlent mieux que nous. Ceux-là en disent long sur la prétention de l'homme.. Voilà ce que je voulais dire dans cette fable.<br /> <br /> Merci pour ton commentaire.
Z
Les mots: "empire" et "règne" entre dans le même thème qui est le pouvoir et ce dernier en relation avec l'être humain devient d'une manière au d'une autre un simple voloire/ merci
Publicité