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Perlimpinpinologie, humour et philosophie
18 août 2014

Des cheveux

Ma dernière réflexion sur la gestion des déchets m'a valu quelques soucis: j'ai reçu deux lettres anonymes et plusieurs coups de téléphone désagréables, de ceux qui viennent au moment où le sommeil est censé apporter calme et réconfort au pauvre hère que je suis.
Que n'avais-je donc écrit !
Je parlais en philosophe, le questionnement semblait clair ("l’homme est-il plus compliqué que le monde ?") mais on n'a vu dans mes propos qu'une critique primaire du travail administratif (pourtant oh combien précieux!).

Même Dédé, mon coiffeur, m'a reproché le ton que j'avais employé à l'égard de ces belles organisations, chargées -en s'attaquant au gaspillage- de sauver la planète! Je l'ai senti à son coup de rasoir, plus nerveux que d'habitude.
Mea culpa, mea maxima culpa.

Je vais me racheter aujourd'hui en montrant que, moi aussi, je peux aider les générations futures.
Je prendrai même un sujet qui intéresse tout particulièrement Dédé : le cheveu.

Qu'est-ce que le cheveu ?
Evidemment, mais encore ?
...
Allons droit au but : le cheveu est un gisement !
Oui, un gisement! Et du plus précieux qui soit: un gisement de protéines!
Il faut évidemment savoir que le poil crânien est composé à 95 % de protéines (les 5% qui restent sont difficiles à identifier, surtout en fin de semaine), mais vous le saviez.
Des protéines donc, c'est à dire le genre de produit indispensable au monde vivant. Il est incontournable dans l'alimentation, l'élevage, l'agriculture, la cosmétique, la pharmacie… et même la musculation. 

Et que fait-on de ce trésor ?
Rien !
On le balaie et on le jette !

Pour information, les plumes et duvets de nos amies les volailles ne font pas l'objet d'un tel gaspillage.
Le rapport d'activité du Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (SIFCO) indique qu’environ près de 38 000 tonnes de farines de plumes ont été produites en 2013. Ceux que ça intéresse apprendront que 47% sont destinées aux petfood (croquettes pour chiens et chats), 34% à l'aquaculture (les poissons) et que le reste sert d'engrais [cf. nb1].

Mais revenons au cheveu. Faisons une rapide étude.

Je laisse de côté le cheveu féminin.
Pour trois raisons :

- l'artiste capilliculteur pour femmes peigne, frise, défrise, colore, noue, natte, chignonne... mais il ne coupe qu'au millimètre, de sorte que l'utilisation de l'apirateur -inévitable- rend difficile la récupération de la précieuse matière première (dans l'état actuel de la technologie);
- le cheveu féminin, agressé par mille et un produits chimiques, nécessiterait une purification coûteuse;
- Dédé est coiffeur pour hommes, exclusivement.

Le site de l'INSEE nous fournit une statistique précieuse [cf. nb2].
Elle date de 2006 mais je ne vois pas pourquoi les ordres de grandeur ne seraient plus valables.
A cette date, on comptait en France environ 2000 coiffeurs pour homme (en équivalent salariés plein temps).
Pour avoir une estimation complète, il faudrait ajouter la part masculine des salons mixtes mais cela risque de compliquer mon exposé et ne ferait que confirmer ma conclusion.

Par ailleurs, selon Dédé, un artisan coiffeur moyen fait 10 coupes par jour. Sinon il ferme. Disons 300 coupes par mois.
Ce qui fait en France (pour 2000 salariés), 600 000 coupes masculines mensuelles !
On peut compter de 10 à 30 grammes de cheveux par coupe. Disons 20 grammes.

Ce qui donne... douze tonnes par mois!
A 95% le taux de protéine, ça fait une dizaine de TEB mensuelles (tonnes d'équivalent bifteck)!

On m’objectera que le ramassage du matériau couterait plus cher qu’il ne rapporterait !
J'y ai pensé.
Il suffira de confier cette tâche à une personne de confiance qui passe régulièrement à proximité des lieux de production!
?
Le facteur, évidemment!
A chaque passage, il échangerait un sac vierge contre un sac plein. Ce ne serait pas plus difficile que ça!
A charge pour son responsable hierarchique de transmettre la précieuse récolte à l'adresse indiquée.
Ce qui serait pour lui, évidemment, l'enfance de l'art.
Je suis sûr que notre belle Administration des Postes sera fière de participer à une action éco-responsable de cette sorte.

Voilà, il n'y a plus qu'à.

J'ajoute qu'en développant cette nouvelle entreprise, nous ferions un pas dans une direction infiniment plus prometteuse: celle du recyclage du corps humain, lequel est, aujourd'hui encore, le déchet industriel le plus scandaleusement inutilisé.

 

(c) M.DALMAZZO

Et.. ici ou là: chez l'éditeur, à la FNAC, chez AMAZON ou ailleurs...

 

coiffeur

 

 

 

nb1:http://www.sifco.fr/rapport-d-activites/rapport/33/rapport.pdf
nb2:http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/donnees-detaillees/fichesect-serv/pdfservice/fic93c.pdf

 


 

 

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Commentaires
M
Un prix Nobel! Comme tu y vas, Nicole! N'exagérons rien! Une légion d'honneur suffira à ma modestie... Ceci dit, je n'avais pas pensé à la situation de la poste! Jolie remarque! Il y a effectivement qqchose à faire de ce côté là. La récupération des prospectus publicitaires lus (qu'elle distribue par ailleurs) serait, par exemple, un projet camembert excessivement rentable. Je vais y songer! Encore bravo!<br /> <br /> Par contre, l'idée des rognures d'ongles est inutilisable (je ne connais pas de manucure) .<br /> <br /> Merci pour tes lectures.
N
Article lumineux qui méritera le prix Nobel d'économie 2014, j'ai mes sources... <br /> <br /> Que de résolutions de problèmes majeurs! <br /> <br /> La poste est en déficit parce que nous n'écrivons plus que des courriels? Le cheveu vient à la rescousse en attendant les autres déchets hautement reconvertibles.<br /> <br /> Quid des rognures d'ongles? La brèche est immense, que dis-je, le gouffre, l'abîme de réflexions.
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