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Perlimpinpinologie, humour et philosophie
4 mars 2009

Mon Maître

Le grand Homme nous tourna le dos, prit une craie et écrivit sur le tableau noir les mots suivants: cinquante mille milliards, puis, il mit ses yeux dans nos yeux et attendit.
Personne n'avait encore vraiment respiré.

Avant qu'il ne fût trop tard, il commença:
- Vous ne serez jamais de vrais scientifiques si vous ne vous rendez pas compte, complètement compte, intimement compte, de ce que signifie cinquante mille milliards!
Il disait milliaaaaaaaaaaard pour souligner le nombre de zéros qu'il ne faut pas oublier de mettre…

Il continua.
- Qu'est-ce c’est que cinquante mille milliards?

Un tremblement nerveux agita chacun d’entre nous.
- Par comparaison, il faudrait cent millions de livres de deux cents pages chacun pour arriver à cinquante mille milliards de lettres! ...
Je n'arrivais pas à comprendre comment il savait ça!
- Alors ?

Les mouches ne bougeaient plus.

- Et bien, pour savoir ce que ça représente cinquante mille milliards, il vous suffit de prendre un homme! Un homme! Tout simplement! Nom de Diou! Car un homme, voyez-vous, jeunes gens, ça fait cinquante mille milliards de cellules!

Un frisson a parcouru l'auditoire, et quand il m'est passé dessus, j'ai failli pleurer.
- Et, tenez vous bien! N'importe laquelle de ces cellules, que ce soit une cellule de fesse ou celle d'un lobe d'oreille, fait son boulot de cellule de fesse ou de lobe d'oreille. Sans rechigner, sans jalousie. Hein! Qu'est-ce que vous en dites?
Perlimpinpinologie_07
J’étais abasourdi.
- Maintenant dans ces cinquante mille milliards de cellules, enlevez celles qui servent à manger, celles qui se limitent à boire, celles qui ne font que digérer, celles qui passent leur temps à déféquer ou à uriner, celles qui nous tiennent au chaud, celles qui nous permettent de nous reproduire, de nous défendre, de respirer, de bouger, d'entendre, de parler, de voir, de sentir, de goûter, sans oublier celles qui servent à faire joli…. Allez, allez ! Enlevez tout ça et dites moi ce qui reste!

Il attendit de nouveau. J’allais m’évanouir.
-…Les cellules nerveuses, jeunes gens ! Les cellules nerveuses ! Et il n’y en a pas lourd : une sur cinq mille ! Eh oui ! Maintenant retirez celles qui ne servent à rien : les souvenirs sans importance, les idées loufoques, les connaissances inutiles, les chagrins, les poèmes, … Non gardez les poèmes, je ne chipoterai pas!

Il avait été royal. Il devenait maintenant impérial.
- Et bien, jeunes gens, dans le petit tas de cellules qui restent, disons dix ou vingt milliards, il vous suffira d'en faire travailler à peine un dixième. Un dixième ! Ca fait deux milliards ! Deux milliards au grand maximum. Celles qui nous servent à penser, pas plus ! A peine deux milliards de cellules, pour suivre mon cours ! Dites vous bien que vous en faites travailler au moins mille fois plus pour bailler.

Il hurla:
- Alors, nom de Diou!, je ne veux pas entendre dire que c'est difficile!

J'avais trouvé mon maître.
J'irai là où il me dira d'aller.

© M.DALMAZZO



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Commentaires
M
le maitre m'a également convaincue par ses arguments! et j'opte pour le futur concernant la phrase finale, car elle présage le début du commencement...
X
Mais s'il ne reste que les deux milliards de cellules cérébrales, vous ne pourrez aller nulle part...
L
J'irai ou ces deux milliard de cellules me permettront d'aller...;)
M
Bonjour Danalyia,<br /> Je te remercie pour tous tes commentaires!!<br /> <br /> Sur l'emploi du conditionnel à la place du futur, j'ai hésité et opté pour le sans condition,<br /> mais tu as probablement raison.<br /> En fait je me demande si le bon choix ne serait-pas: "J'irai où il me dirait d'aller"<br /> ...<br /> J'avoue que je ne suis sûr de rien.<br /> Autres avis demandés!<br /> <br /> Merci encore, à bientôt.
D
J'aime bien ce texte ; le personnage du Maître est assez terrifiant et fascinant à la fois.<br /> Une seule petite réserve, le temps utilisé à la fin : "J'avais trouvé mon maître. J'irai là où il me dira d'aller".<br /> Pourquoi pas : J'irais où il me dirait d'aller ?
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