Théorème fondamental
De nombreuses personnes veulent en savoir plus sur la perlimpinpinure.
C’est bien normal quand on songe que cette réaction perlimpinpinique , dont la vie est la manifestation, et vous ou moi un sous-produit, intrigue l'Homme depuis la nuit des temps.
Malheureusement, on ne peut comprendre une réaction perlimpinpinique de l'ampleur et de la durée de la perlimpinpinure sans acquérir quelques bases de perlimpinpinologie.
Il me faut donc expliquer.
Que celles et ceux rebutées par les sciences naturelles n’hésitent pas à sauter ces quelques lignes. Ce serait dommage, évidemment, mais personne n’aurait à coeur de leur reprocher quoi que ce soit, tant ce qui suit est délicat et nécessite une grosse dose d’attention.
Je vais progresser doucement, soyez sans crainte.
Allons-y.
Premier point (*).
On parle de réaction perlimpinpinique quand une atomisade A frottée à une atomisade B donne une atomisade C, par la grâce de la force perlimpinpinique.
Pour aller plus vite, on écrit A x B => C, et on dit A fois B donne C
Ces petites notations ne doivent pas effrayer, elles sont là pour éviter les longs discours.
Par exemple: Fer x Eau => Rouille. C’est connu.
Nommer est le premier pas qui mène à la connaissance. Alors, nommons.
On appelle sujet et projet, les atomisades de départ, et objet celle qui apparaît au terme de la réaction.
D'où le premier postulat de la perlimpinpinologie:
Sujet x Projet => Objet
Remarquez bien toute l'universalité du théorème.
Par exemple, si on met entre les mains d'un bricoleur habile un fauteuil en kit, on obtiendra de quoi lui permettre de se reposer, ce qui s'écrit
Bricoleur x Kit => bricoleur dans son fauteuil.
Notez également que projet et sujet sont des termes relatifs : il serait en effet tout aussi vrai de dire que le sujet habile est ce qu'on doit donner au kit pour qu'il produise un bricoleur dans son fauteuil:
Kit x Bricoleur => bricoleur dans son fauteuil.
Voilà un grand pas de fait.
Avançons.
Second point.
Toute atomisade, comme toute chose en ce monde, a une forme plus ou moins compliquée.
Ainsi, le mot autobus que je pose sur cette page. Il a la forme d'un petit vermicelle noir allongé qui s'entortille ici et là avec beaucoup d'élégance mais pas d’importe comment. Pour le décrire, il me faudrait expliquer la combinaison linéaire et précisément ordonnée des sept éléments qui le composent, qu'on appelle des lettres... Sans aller jusque là, je n’ai qu’à souligner un simple fait : après avoir mélangé deux morceaux au hasard, j’ai très peu de chance de retomber sur le même autobus, voire même sur une chose quelconque homologuée dans un dictionnaire.
Inutile d'en rajouter, on voit bien que le mot autobus a une forme compliquée.
Ce n'est pas le cas d'un peu d'eau. Une flaque d’eau par exemple.
Là, inutile de tourner en rond, on peut en prendre une tasse où on veut, on peut mélanger à la va-vite, déplacer délicatement deux gouttes ou procéder par grands coups de rames ou de cuillères à soupe, l’objet reviendra toujours à ce qu'il est, c'est à dire de l'eau bêtement étalée quelque part.
C'est quand même beaucoup plus simple.
La première atomisade, le mot autobus, est appelée une chose savante. Alors que la seconde, la flaque d'eau, est appelée une chose vulgaire.
Avais-je vraiment besoin d’expliquer tout cela ?
Troisième point.
Revenons à la formulation générique d’une réaction perlimpinpinique:
Sujet x Projet => Objet
Pour un sujet donné, on peut distinguer les cas où le projet et l’objet sont des choses savantes ou des choses vulgaires.
Dans le cas où le projet est une chose savante, on dira que le sujet lit le projet. Pour celui, pas plus difficile, où le projet est une chose vulgaire, on dira que le sujet ressent le projet. Quand l’objet est une chose savante, on dira que le sujet écrit l’objet. Enfin, si l'objet est une chose vulgaire, on dira que le sujet produit l’objet.
La terminologie! Mon Dieu, la terminologie! Si l'on veut être précis, il faut bien faire avec!
Deux exemples suffiront.
Le premier:
Bricoleur x Manuel de montage du kit => Lettre de réclamation.
indique que le Bricoleur lit le manuel, et pour une raison ou une autre, écrit une lettre de réclamation
Le second exemple :
bricoleur x chaleur => sueur
est tout aussi évident, le bricoleur ressent la chaleur et produit de la sueur.
On pourra essayer d'autres combinaisons. Inutile, je crois, de s’appesantir.
On peut dès lors formuler le second postulat de la perlimpinpinologie :
Un sujet n'a guère le choix qu'entre lire ou sentir pour appréhender le monde et, écrire ou produire pour lui montrer qu'il existe.
Quatrième et dernier point.
On voit facilement que, dans une réaction perlimpinpinique, il y a quatre situations possibles:
- quelque chose de savant donne quelque chose de savant : le sujet (qui lit et écrit) est alors dit intellectuel. J’imagine que tout le monde comprend pourquoi.
- quelque chose de vulgaire donne quelque chose de vulgaire. Ai-je besoin d'expliquer pourquoi on le qualifie de matérialiste?
enfin, les cas mixtes:
- celui où le sujet lit et produit, il est nommé artisan
- dans le dernier cas, celui où le sujet ressent et écrit, on l’appelle poète.
Tout cela est plein d'évidences, mais comme disait mon vieux maître, tant mieux.
On peut, dès lors, exprimer le théorème fondamental de la perlimpinpinologie:
Un sujet, selon ce qu’il veut faire et selon ce qu’il fait à un instant donné, n'a guère le choix qu'entre un des quatre comportements suivants: intellectuel, matérialiste, artisan ou poète.
Vous en savez assez pour comprendre comment est apparue la perlimpinpinure...
© M.DALMAZZO
(*) on rappelle qu'une atomisade est un paquet d'atomes.