Connais-toi toi-même
Bien sûr, vous connaissez cette citation: "connais-toi toi-même".
Elle est de Socrate, un barbu d'il y a deux-mille-cinq-cents ans que l'on considère comme l'inventeur de la philosophie.
À l'origine, la phrase était gravée sur le seuil du Temple de Delphes (là où la Pythie - la Madame-Soleil de l'époque - avait installé son cabinet de consultation) mais, les droits d'auteur n'étant pas ce qu'ils sont aujourd'hui, Socrate l'a ouvertement plagiée.
Et bien, si vous voulez mon avis, il aurait mieux fait de penser à autre chose!
Car enfin, si se connaitre soi-même est la voie royale qui conduit à la sagesse, on peut en déduire que la connaissance d'autrui est un sentier touristique!
C'est ce que des générations de penseurs (à part quelques utopistes) n'ont pas manqué de répéter. Chacun à sa façon. Je n'en citerai qu'un: Sartre (Jean-Paul). Il a remporté le pompon avec cette ânerie-culte "l'enfer, c'est les autres".
En d'autres termes, c'est en restant chez soi qu'on trouve le paradis!
Comment s'étonner que, de nos jours, tous ceux qui parlent de leur nombril se disent philosophes (et vice-versa)?
Pourtant Socrate n'était pas un imbécile. Il a dû bien réfléchir pour choisir la devise de sa nouvelle discipline. Certes, il n'avait pas l'embarras du choix (les dictionnaires de citation sont apparus bien plus tard) mais il avait le choix. Par exemple, il ne pouvait ignorer cette belle pensée sumérienne écrite plus de mille ans avant lui: "une jarre d'huile vaut six moutons".
Malgré l'absence de moyens de communications dignes de ce nom, mille ans étaient plus que suffisants pour transmettre de la Mésopotamie à Athènes un texto de cette qualité.
Les nombreuses questions posées (*) auraient donné aux philosophes de tous les temps de quoi moudre un grain autrement plus prometteur que la connaissance de soi.
Un homme de la trempe de Socrate y a forcément songé.
Alors, pourquoi?
Pourquoi?
On est réduit aux hypothèses.
Il faut savoir que la Pythie était une star à l'époque. Y faire référence assurait une grande crédibilité à qui voulait se faire entendre. Un jeune intellectuel (même un vieux) ne pouvait qu'y être sensible.
Autre possibilité. Malgré le faible nombre d'humains qui peuplaient alors la planète, il y avait des étrangers, et donc des xénophobes. Socrate a peut-être été contraint de leur faire quelques concessions.
Une autre hypothèse évoque la beauté de la devineresse, son charme était connu de tout le monde antique, de sorte qu'une relation secrète avec le barbu n'est pas à écarter...
On se perd en conjectures.
En attendant, personne ne peut nier la légèreté originelle de nos écoles de pensée.
(c) M.DALMAZZO
(*) La beauté de la poterie est-elle nécessaire à la saveur de l'huile? La jarre est-elle consignée? Quid de la date limite de fraîcheur? Quid de l'âge du mouton? Qu'est-ce que l'essence de l'huile ? Précède-t-elle l'existence du mouton? Qu'est-ce qu'un mouton?...